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Sagesse ancestrale au sujet des enfants

 

Le Prophète de Khalil Gibran, 1923

 

Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants.
Et il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.


Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.
 » Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de la Vie
qui a soif de vivre encore et encore.
Ils voient le jour à travers vous
mais non pas à partir de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne sont pas à vous.
Vous pouvez leur donner votre amour
mais non point vos pensées.
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais non leurs âmes.
Car leurs âmes habitent la demeure de demain
que vous ne pouvez visiter même dans vos rêves.
Vous pouvez vous évertuer à leur ressembler,
mais ne tentez pas de les rendre semblables à vous.
Car la vie ne va pas en arrière ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par lesquels sont projetés vos enfants
comme des flèches vivantes.
L’Archer prend pour ligne de mire le chemin de l’infini
et vous tend de toute Sa puissance
pour que Ses flèches s’élancent avec vélocité
et à perte de vue.
Et lorsque Sa main vous ploie,
que ce soit alors pour la plus grande joie.
Car de même qu’Il aime la flèche qui fend l’air,
Il aime l’arc qui ne tremble pas. »